Mini raid dans le PN d'AIGUES Tortès y San Maurici.
Le pic de Péguéra 2982 mètres.
Le pic de Péguera 2983 mètres.
Le Parc Naturel d’Aigues Tortès y Sant Maurici est situé entre la Noguéra Ribagorzana à l’ouest (vallée de Boi ) et la Noguéra Pallarésa à l’est (vallée d’Anéu), avec au nord, le Val d’Aran, et que referme le Monsent au sud. Les glaciers en se retirant ont laissé derrière eux un décor unique composé de vastes cirques, d’immenses arêtes et de lacs à foison dans cette fantastique région des Pyrénées. C’est par la Haute Vallée de Capdella, longue de 25 km, au sud du Parc, que l’on atteint le charmant refuge en bois de Colomina situé à 2400 m. Ce vieux refuge avait été construit pour accueillir le personnel lors des gigantesques travaux hydrauliques,(voies ferrées, chemins, tunnels, barrages, escaliers de béton pour atteindre des lacs supérieurs (ex. le Pas de l’Os) etc..
Cette vallée laisse place à un paysage de haute montagne, où une route grimpe en lacets pour se terminer sur un vaste parking sur le bord du grand barrage de Sallent à 1770 m. De nombreux véhicules qui occupent ce parking, laisse prévoir de l’affluence dans ce secteur qui pour nous, devait sembler peu fréquenté. Grosse erreur ! Pour atteindre les lacs supérieurs, nous sommes invités à prendre des billets pour utiliser la télécabine de la centrale électrique. Personnel de la centrale, pêcheurs, touristes, ou randonneurs attendent au portillon, voilà que la cabine est pleine, nous obligeant à attendre la prochaine montée. Pas grave, nous sommes dans les temps pour rejoindre le refuge. La télécabine nous dépose à 2144 m, des panneaux nous indique à gauche le sentier que nous empruntons vers le refuge de Colomina , alors que tout le monde se dirige à l’opposé, mais vers des directions différentes, tel que l’estany Gentau 2144 m. tout proche, promeneurs ou pêcheurs peut-être.
Montée tranquille sur un sentier escarpé dans les pierres de granit, sous un soleil généreux, où notre regard ne sait où se poser tellement le paysage est grandiose. Petite pose à l’entrée d’une vallée, où une ancienne voie ferrée abandonnée longe un immense lac pour disparaître au loin derrière des sommets. Au-dessus de nous, émerge dans le bleu du ciel, la toiture d’un bâtiment. Devant, se dresse le refuge de Colomina 2400 m, bâti sur le bord de l’estany du même nom, placé dans un désert granitique, austère et minéral. Il sera notre point de base pour parcourir des cirques prodigieux couronnés d’aiguilles granitiques dominants des versants baignant leurs bases dans les lacs.
Nous mangeons ce soir- là, au 2 ème service suivant l’ordre d’arrivée, le refuge étant bondé, dans notre table commune, où les discutions se concentrent que sur la montagne, nous apprenons que tous ces randonneurs ne sont que des itinérants, soit qu’ils marchent de refuges en refuges. Demain, 3 jeunes filles originaires du Pays Basque Espagnol se joindront à nous sur une portion de marche. Le soleil venait à peine de se lever à l’heure où nous quittons le refuge. Nous longeons l’estany de Colomina, non pas sur un sentier, mais sur un judicieux assemblage de pierres granitiques, tel une voie pavée bien au-dessus de la surface du lac, où le soleil irise les vaguelettes Les jeunes filles suivent notre allure de marche, et du milieu du lac, on aperçoit ‘’ l’Echelle du Pas de l’Os’’ passage redouté d’après le topo-guide. Ce n’est en fait, qu’un simple escalier en béton, vestige des travaux sur les différents lacs qui occupent l’étage supérieur. Il est en partie dégradé, et la hauteur des marches qui ne sont pas toujours appropriées, de plus, ajouté à la raideur de la pente rendent la montée bien plus difficile.
Dans la montée vers le ‘’Pas de L’Os’’, on peut voir l’immense estany de Mar, d’une surface supérieure, accolé à celui de Colomina, puis bien plus petit, l’estany Frescau, ces 3 lacs formants ensemble un triangle. Dans le lointain, paisible au bord de l’eau, comme une sentinelle, le refuge de Colomina semble veiller sur la tranquillité de ces lieux. Arrêt et pose en haut du Pas de l’’Os, où l’on découvre à nos pieds le grand estany de Saburô 2540 m. Il est en partie vide, et on peut voir sa grande profondeur ainsi que sa forme conique dans cet immense pierrier. C’est à cet endroit que nos routes se séparent, les jeunes filles partiront vers l’est en longeant l’estany de Saburô sur le GR 11.20, dont on voit le sentier dans les pierres grimper doucement vers le col de Saburô 2689 m, où derrière ce col, elles iront rejoindre le refuge Joseph Maria Blanc sur le bord de l’estany Tort et Trullo. Devant nous, faisant front, se dressent en rempart les imposantes silhouettes des pic de Mar 2840 m à l’ouest et de Péguéra 2883 m à l’est, que sépare en son milieu le col de Péguéra 2715 m .Les cairns que nous suivons prennent une direction nord, nous obligent à franchir un cours passage exposé en dévers sur une dalle de granit. Nos semelles de type Vibram accrochent bien le granit rugueux, et ce n’est que mieux. Le minéral fait place maintenant à de la pelouse, où nous laissons à notre gauche des petits estanys de Saburô d’Amunt. Le sentier qui descend légèrement, reprend plus loin de l’altitude dans les éboulis que l’on gravi pour atteindre le col de Péguéra. Nouvel arrêt, avant d’affronter les derniers 200 m de dénivelée dans la raideur des pierres. Une partie du groupe restera au col, les autres s’élanceront vers le sommet. Dans cette rude ascension, un important groupe de coureurs de montagne en petite tenue légère, nous dépasse en courant, alors qu’un instant après, ce même groupe redescend, alors que nous sommes encore pas arrivés au sommet. Nous nous rangeons sur le côté parmi les rochers pour laisser passer cette file interminable, ce qui nous donne l’occasion de récupérer avant les quelques dizaines de mètres qu’il nous manque pour atteindre le sommet.
Les 20 derniers mètres nécessitant la pose des mains, avec pas de II pour atteindre le sommet de Péguéra. Dommage, il manquait 17 mètres de hauteur à ce sommet pour le classer parmi les 3000 mètres. Le regard se pose vers le nord, où, tout proche on aperçoit le refuge d’Amitges, le pic, les aiguilles ainsi que le lac du même nom. Cette ascension, nous dévoile à l’est, enfoui dans les pins sur le bord d’une presqu’ile, le refuge J.M Blanc, au charme de l’image de ses lacs, où se rendaient les jeunes filles que nous avions quitté ce matin même, l’immense estany Nègre, jouxtant les autres lacs, ainsi qu’un chapelet de laquets sous les pics de Péguéra et de Monastéro. Après avoir ‘’parcouru, survolé ‘’cet immense panorama, l’heure était à la descente. Jonction avec le groupe resté au col de Péguéra, retour au refuge par le même itinéraire. Petite pause avant la descente du Pas de l’Os au bord de l’estany de Saburô. Combien de lacs avons-nous visité ou observé au cours de cette journée ? Les estanys Colomina, de Mar, de Saburô, Saburôt d’Amunt, Vidal, Colomina de Dalt…..10, 15 peut-être ? De tous ces lacs, la lumière vive de l’été est leur meilleur atout suivant l’heure de la journée, par sa profondeur ou son orientation. Du conte H. Russell « Une constellation brillante de petits lacs à différents niveaux parsemés d’îles et entourés de fleurs, tantôt de neige et de rochers, font plus d’effet qu’une vaste et monotone nappe d’eau dont on ne voit même plus les rives. » Et Louis Audoubert qui avait une vision plus ’’ aérienne’’ : « Aucun cirque des Pyrénées ne renferme un tel dédale de nappes d’eau, c’est une constellation de 47 lacs, grands et petits, qui sont en désordre, tantôt 2 à gauche, 3 à droite. C’est un puzzle éparpillé ! »
Shrader qui a été parmi les premiers à explorer ce secteur à nul autre pareil, écrivait : « Je ne saurais mieux comparer cette partie de la sierra qu’à un hérissement d’épées dardés vers le ciel. Le pic de Péguéra rappelle et dépasse peut-être la fierté du pic du Midi d’Ossau, avec l’avantage d’une plus grande hauteur et d’un encadrement qui ne présente nulle part les Pyrénées françaises. » C’est par la rive opposée que nous avons longé l’estany de Colomina pour rejoindre le refuge, et fait plutôt rare dans ce secteur granitique, sa rive était bordé de pelouse.
Les drapeaux du refuge ne claquaient au vent, et déjà le soleil incendiait le granit à l’heure où, ce matin- là, nous quittions le refuge, les fastidieux pierriers et l’échelle du Pas de l’Os .Nous n’empruntons pas la télécabine de la centrale électrique pour regagner le parking. Mais pour faire une variante, nous nous dirigeons vers l’estany Gentau 2144 m que nous dépassons, laissant à notre droite un superbe bâtiment de plusieurs étages, aux pierres apparentes, dominant le fond de la vallée. Il est de bonne heure, et la descente a été relativement rapide, aussi nous profitons qu’il soit inoccupé pour visiter son rez –de- chaussée. Ce bâtiment a dû servir au logement du personnel pour la construction du barrage ainsi que la centrale électrique. Il existe un projet de transformation en hôtel de luxe. Le sentier fait maintenant suite à une voie ferrée que l’on suit, franchit un tunnel, puis, longe la vallée pour se perdre dans le lointain. La carte indique qu’il existe encore des lacs bien plus loin. Un gros cairn nous indique qu’il faut abandonner la voie et descendre vers le lac de retenu de Sallent, où nous avons les véhicules. Si nous ne voyons pas le sentier, le lac, on le survolait au fur et à mesure de notre avance. Les lacets conduisant au parking étaient si nombreux qu’on aurait pu leur donner un numéro comme les lacets sur le sentier en montant au pic de Péguère à Cauterets. Ceux-ci avaient l’avantage de nous dévoiler un jardin sauvage d’une grande richesse botanique.
C’est au village de Vilaller sur la route du retour , et après un excellent repas pris en commun que nous avons clôturé ce mini raid dans les Encantats. Ces journées passées, ont permis la visite de ce vaste secteur qui réserve partout des merveilles qu’il faut admirer été comme hiver. Allez-y et vous reviendrez émerveillés par cette région transformée en Parc National protégeant ses trésors.
Georges.