Lacs d'Anos et Sabocos. PN d'Ordesa et Mont Perdu.
Ibons d’Anos et de Sabocos.
La grande muraille de la Sierra de Tendénéra, s’étire parallèlement à la chaine des Pyrénées. Au- dessus du village de Hoz de Jaca, les peñas Blanca et Roya dominent le barrage de Bubal. Pour accéder à ce village haut perché, une petite route très étroite démarre du village de Panticosa, longe le lac pour grimper dans la forêt. Dans sa montée, un belvédère a été construit sur le vide pour contempler les eaux de ce lac, ainsi que le paysage qui l’entoure. Dans ce petit bourg qui semble endormi, un panneau indique la direction d’un refuge tenu par un Basque à l’intention des randonneurs venus affronter la Peña de Sabocos 2757 m. Au bout de la rue, une piste sur la gauche monte entre les murets de pierres sur quelques kilomètres, pour rejoindre un replat qui semble plutôt un parking 1750 m au-dessus de l’arrêt des télésièges que l’on aperçoit. La piste devenant ensuite impraticable, c’est à cet endroit que nous entamons notre montée à la découverte de 2 lacs. Le couloir que l’on suit n’est autre que la piste de descente de skis, bordé de pelouses verdoyantes d’où, passent au-dessus de nous, les télésièges montant vers ces lacs. Nous laissons au fond, à notre gauche, l’ibon de Sabocos 1900 m dans son écrin de verdure, où sa cabane tranquille occupe le bord du lac.
En face, la Peña de Sabocos 2757 m, dresse sa fière silhouette sur la sierra de Tendénéra. Des cairns sur le bord de la piste, nous indique son itinéraire. C’est un sentier que nous suivons maintenant, où plus haut, nous posons nos sacs pour la pause casse-croute, laissant devant nous le merveilleux panorama des deux lacs étincelants sous le soleil, incitant à la rêverie. Nous pouvons définir l’itinéraire qui monte parmi les pierres sous la peña Sobocos, suivre l’empreinte de nombreux passages laissés sur la raillère pour se perdre ensuite dans un repli de la falaise. Mais là, n’est pas notre but. Retour sur nos pas en direction du lac d’Anos, où nous le contournons par l’ouest en longeant le bord de l’eau. Par des pentes herbeuses nous gagnons le col de Bazuelo tout proche qui nous offre une vue sur la vallée de Téna et les impressionnantes murailles de la sierra de Partacua. Deux jolis petits lacs à découvrir par une journée pleine de soleil dans la lenteur de la contemplation avant de rejoindre le village de Torla, porte d’entrée de la vallée d’Ordesa.
Retour à Penticosa, continuation et traversée du village de Biescas, où nous prenons la direction de Broto, que nous abandonons plus loin pour se diriger vers le village de Torla situé à 1500 m. Torla, joli petit village où nous avons toujours plaisir à y retourner, draine toujours en période estivale une foule bigarrée. Après être passé sous l’église, se dresse devant nous la puissante forteresse calcaire du Mondaruego à 2540 m. qui maintenant s’enflamme au soleil couchant, d’on ne peut rester indifférent à ce spectacle que nous offre la nature. Nous ne monterons plus à l’immense parking là-haut à l’entrée du Parc National d’Ordesa et du Mont Perdu. Aujourd’hui, un système de navettes de bus a été mis en place à l’entrée du village de Torla. Seuls les véhicules se rendant aux hôtels ou aux terrains de camping sont autorisés. Ce jour- là, c’est au refuge de ‘’ La Brecha’’ dans la rue principale que nous sommes descendus. C’est toujours avec la même curiosité que nous déambulons dans les rues parmi une foule toujours aussi dense, comme la Plaza Mayor avec ses arcades, ses maisons seigneuriales, ou maisons de pierres avec leurs blasons et nobles portails qui donnent un ensemble plein de charme à ce village. Torla, est la porte du P N d’Ordesa et du Mont Perdu, dont la route suit le rio Ara, puis le rio Arazas jusqu’au parking où les bus déverserons leurs flots de randonneurs qui partiront vers les plus beaux paysages des Pyrénées : tels les cirques de Carriata ou celui de Cotatuero, la vallée de Buraruelo montant vers Gavarnie, ou bien l’ascension du Mont Perdu. La rue principale était encore endormie à l’heure où nous avons quitté Torla pour rejoindre les bus attendant les premiers passagers. Seul quelques noctambules qui sortaient de la boite de nuit située près du parking regagnaient en silence leurs domiciles.
Vallée D’Ordesa.
Le jour pointait à peine lorsqu’on s’élançait sur la longue piste conduisant au fond du cirque de Soaso, d’où jaillit l’eau de la cascade ‘’ Cola de Caballo ‘’ issue de différents rios descendants du Mont Perdu. L’air était assez vif et la polaire était la bienvenue ce matin-là. Cette piste que nous suivons n’est autre que le GR 11 et suit le rio Arazas, jusqu’au refuge de Goritz 2200 m. Nous longeons les impressionnantes falaises des cirques de Carriata , et Cotuatero à gauche, ainsi que celles de la sierra de Las Cutas à droite. Le chemin contemple les belles et curieuses cascades del Estrecho ainsi que les Gradas de Soaso.
Le canyon s’élargit, laissant à gauche un abri pastoral, le refuge de ‘’Pastores ‘’ dans le vaste cirque de Soaso, alors que devant nous, se dresse la fascinante pyramide du Mont Perdu 3355 m. Comment reconnaitre et donner un nom dans cet enchevêtrement de sommets : le Mont Perdu, le Soum de Ramond, le pic d’Anisclo, la Torre de Goritz, et bien à gauche le Cylindre du Marboré, se détachant du Mont Perdu. Arrivé au terme du cirque de Soaso, apparait la spectaculaire cascade ‘’Queue de Cheval‘’. Arrêt et repos sur les rochers pour profiter des bienfaits des embruns et du soleil, avant d’escalader la falaise surplombant le Rincon de Soaso, et sa passerelle sur le rio Arazas. Le but, n’étant pas de rejoindre le refuge de Goritz tout proche, mais seulement de parcourir cet itinéraire qu’empruntaient jadis les chasseurs Anglais au XIX et XX ème siècle. Subsiste encore ces broches d’époque, renforcés par des chaines pour assurer la sécurité des randonneurs : nommés les clavijas sur les cartes. La passerelle à proximité de la cascade qui enjambe le rio, permet d’éviter ce passage pour rejoindre le refuge, mais aussi de poser nos pieds sur le sentier de la Faja de Pelay que nous allons parcourir.
Les glaciers pendant des millions d’années, ont façonné le massif calcaire du Mont Perdu et ont ainsi créé des ‘ fajas’ : ces corniches creusées dans les falaises ou vires aériennes dans tous les secteurs. Ordesa est bien le royaume des fajas, et c’est celle de Pelay que nous sommes en train de parcourir, longue de 7 km, pour revenir sur Torla. Celle-ci, nous fait découvrir des paysages fantastiques modelés par l’action des glaciers, offrant au regard la profondeur du canyon d’Ordesa.
Franz Schader le plus grand pyrénéiste qui contribua à la cartographie et à la peinture des Pyrénées a écrit –« Sous nos pieds, absolument à pic 800, 900 mètres de vide. En bas, des prairies, des forêts et le torrent d’Ordesa formant un vaste jardin immense d’une grâce indicible. Il y a là, un immense poème géologique ! »
_ " C'est grand et simple comme tous les paysages de ce revers méridional, où rien ne rappelle les Pyrénées françaises, d'autres forces et un autre climat ont faconné le versant Espagnol ! "
Au nord, les impressionnantes falaises du Mont Arruebo déroule son relief jusqu’au cirque de Cotatuero, dont son immense cascade sous le pic de Salarons , vient s’écraser au fond de son barranco, pour se jeter dans le rio Arazas. Dans le lointain, une trouée dans les nuages laisse entrevoir un court instant la Brèche de Roland. Nous voilà arrivés au refuge-mirador de Calcilaruego qui marque la fin de la Faja de Pelay. Ce bâtiment désaffecté devait avoir une fonction touristique, équipé de nombreuses verrières et d’une grande terrasse extérieure sécurisée, permettait d’avoir une vue grand angle sur les falaises et les cirques de Cotuatero et de Cariata dont le Tozal del Mallo, monolithe, s’élance droit vers le ciel, ces 2 cirques étant reliés par la célèbre et très parcouru Faja de las Flores ( la vire des fleurs, qui n’en a que le nom ), et n’est accessible que par les passages équipés de ‘’ clavijas ‘’ Le forgeron de Torla avait scellé des broches d’acier dans les falaises aux endroits inaccessibles, à la demande de chasseurs pour traquer isards et bouquetins. Aujourd’hui, les chasseurs ont disparus, ces clavijas sont maintenant utilisées en circuits de randonnées, dont la sécurité a été augmentée par la pose de main-courante. Personnes sujettes au vertige, s’abstenir. Nous quittons le refuge de Calcilaruego pour emprunter la vertigineuse descente appelée ‘’le sentier des chasseurs’’ pour rejoindre le parking en traversant une dernière fois le rio Arazas par le Puente de los cazadores tout proche, que l’on voyait là-haut du refuge.
Ce grand site du Mont Perdu, comme son pendant le cirque de Gavarnie, draine une foule considérable de touristes. Au cours de cette randonnée, chacun pourra méditer sur ce que représente le tourisme de masse dans un secteur protégé tel que le P.N d’Ordesa et du Mont Perdu.
Georges.