Le pic d'Ansabère depuis le refuge de Linza ( Aragon)

Le pic d’Ansabère.

Abordé par le versant Espagnol, le pic d’Ansabère représente un objectif aisément accessible avec à peine un peu plus de 1000 m de dénivellation. Cette ascension permet de découvrir un superbe panorama ainsi que de superbes aiguilles de calcaire s’élançant droites dans le bleu du ciel : les Aiguilles d’Ansabère.

L’itinéraire en voiture nous fait passer par la Pierre St Martin pour entrer en Navarre. La route qui côtoie la frontière Française laisse les bâtiments nouveaux de la station de skis de fond nouvellement rénovée ainsi que son immense parking aux panneaux remplis d’informations à l’attention des visiteurs. Nous en profitons pour poser nos regards sur les montagnes Basques. Guère plus loin, nous laissons à droite le départ de l’arête qui conduit au pic Lakhoura 1848 m. Nous pouvons apercevoir en contre-bas à notre gauche le grand refuge de Bélagua où flottent au vent les nombreux drapeaux. A proximité, le minuscule parking, départ pour l’ascension du pic Lakartxéla 1982 m sur la crête frontière, en laissant avant le sentier conduisant au col de Ste Engrâce, soit le départ des Gorges de Kakouéta. Fait suite un peu plus loin, un route privé : La Venta de Juan Pito. De nombreux lacets permettront d’atteindre dans le fond la plaine verdoyante aux nombreuses fermes : la Vallée de Bélagua.

 

Peu avant le village d’Isaba, une route à gauche monte dans la forêt de sapins pour franchir le col d’Aguibiela ou Puerto de Navarre. Un panneau nous indique que nous quittons la Navarre pour entrer en Aragon et avec nous le GR 11, l’équivalant de notre GR 10. Quelques centaines de mètres plus bas, voilà Zuriza. Ce n’est pas un village, mais quelques maisons, refuges forestiers ou anciens cartels des carabiniers, puis un camping aux nombreuses caravanes inoccupées avec son bar-restaurant, situé au carrefour de deux pistes et d’une route goudronnée. Que peut bien faire ici un camping ? Le GR 11 emprunte la piste direction est vers l’ibon de Estaëns, traversant la Selva de Oza ( le terminal de la vallée d’Etcho ) grand plateau aux nombreux bâtiments désaffectés ( militaire ?) terrain de camping, tables de pique nique : un havre de paix dans une forêt de sapins. Il laisse sur sa droite le pic la Peña Forca et les Murailles du Castillo de Atcher 2390 m, à gauche, un cairn indiquant le sentier qui conduisant au col de Pau (Puerto del Palo 1942 m), passage obligé vers le village de Lescun. Il s’agit de l’ancienne voie Romaine comme l’atteste la voie pavée, qui deviendra la voie de St Jacques de Compostelle avant d’être abandonnée au profit de Ste Christine du Somport. Le GR 11 continu lui tranquille pour s’enfoncer dans le vallon d’Aigues-Tortès.

 

Nous sommes toujours à Zuriza. Nous empruntons la deuxième piste, celle qui remonte plein nord et qui passe devant le terrain de camping, elle longe ensuite le torrent de Pétrachéma sur quelques kilomètres dans une forêt de hêtres pour se terminer sur un vaste plateau : Plano de la Casa où trône le refuge de Linza 1320 m. Station de skis de fond nordique. Nous sommes dans l’Aragon, enfermés dans une cuvette avec pour ligne frontière du sud au nord : la Navarre faisant sa jonction à l’est avec la frontière Française à la Table des 3 rois ( Mésa de los Très Reyès )dont son pic culmine à 2444 m. Aragon, Navarre, France, d’où la légende de la Table des 3 Rois. Enfermés, car la seule issue est la Puerta de Navarra, par où nous sommes arrivés. J’ai toujours eu cette impression de me sentir prisonnier, coupé du monde extérieur, peut-être ce même sentiment qu’éprouvent les caravaniers qui sont aussi montagnards surement ,venus se ressourcer loin de la foule, du bruit, de la civilisation, car Zuriza semble l’endroit idéal pour offrir aussi ,de multiples randonnées ,aussi bien en été qu’en hiver avec sa longue barrière rocheuse aux sommets emblématiques qui jalonnent la frontière, du pic d’Arlas au nord, à la Table des 3 Rois, du pic de Pétragème ou de la Chourique et du pic d’Ansabère au sud.

 

Il faut reconnaitre que le Plano de la Casa est entouré de jolies et nombreux sommets arrondis sans aucune agressivité dépassant les 2000 m pour le plaisir et la joie des skieurs de randonnées, de fond et des randonneurs en raquettes et de se retrouver le soir dans le douillet refuge de Linza. Je connais peu ce secteur, mais nous avons eu le plaisir de dormir dans ce refuge pour l’ascension le lendemain de la Table des 3 Rois. La saison étant trop avancée, nous avions dû abandonner bien avant le sommet, pris dans la brume et le brouillard. Nous n’avons jamais renouvelé cette ascension, mais réussi , depuis le refuge de Labérouat. Une deuxième occasion m’a permis de revenir alors que j’avais organisé une randonnée dans la sierra de Alano en traversant ses impressionantes falaises par le Pas de Chadalan. Nouvel échec, l’orage grondant, le tonnerre et les éclairs ayant pris la relève, c’est au pas de course que nous avons pris le chemin du retour. Seulement, s’était sans compter sur le troupeau de brebis, qui affolé lui aussi par l’orage, nous voilà tous ensemble en même temps dans la descente du Pas de Chadalan. Notre salut a été de monter un peu et de s’agripper à la roche en attendant que tout le troupeau soit passé. La plus grosse frayeur de ma vie, impressionnant de voir un troupeau effrayé.

 

Georges. (A suivre ).